Morrisseau est une véritable légende vivante. Indien Ojibway, il vivait en nomade sur la rive nord-ouest du Lac Supérieur lorsque, en 1959, ayant eu une vision qui lui commandait de faire de la peinture, il se tourna vers cet art. Il fut premier Indien à rompre la loi de sa tribu interdisant de transposer les légendes indiennes sous une forme picturale qui est rendît visibles à l’homme blanc. Il fut également le premier à un faire des dessins et à donner de son folklore, pour l’illustrer, une représentation formelle.
Il travailla d’abord sur écorce de bouleau, faute d’autre chose, avec le sentiment que sa mission était de fixer le riche héritage des Ojibway et de le transmettre sous une forme documentaire illustrant les traditions et la force de vie de sa tribu avant que celle-ci ne disparaisse à jamais. C’est Jack Pollock, marchande de tableaux torontois, qui le découvrit en 1960: il rapporta à Toronto 42 toiles de Morrisseau et les vendit toutes en 24 heures. La valeur d’un tableau de Morrisseau peut aujourd’hui s’élever jusqu’à $15,000, et les collectionneurs se disputent ses gravures originales.
Morrisseau a fondé un “mouvement” artistique communément appelé “Woodland Indian Art”, et est aux jeunes peintres Ojibway et aux auteurs de gravures du nord de l’Ontario ce que Tom Thomson était au Group des Sept: un artiste qui suit sa vision personnelle et un chef de file. Ses œuvres ont été achetées en grand nombre pour les collections publiques et particulières dans plusieurs pays.